Dans les profondeurs du cinéma de Stuart Gordon, le spectateur est invité - ou plutôt entraîné - à se faire engloutir par les bêtes décharnées, au physique dégradé, que le réalisateur met admirablement en relation avec l'univers horrifique, abyssal de Howard Phillips Lovcraft. Notre héros Paul - nous l'apprendrons plus tard, Pablo de son vrai nom - se retrouve pris au piège d'un tourment infernalo-occulte au sein duquel une confrérie malsaine procède à des rites à la gloire d'un monstre sous-marin avide de sang : Dagon! A travers un éclairage pour le moins novateur, un jeu sur la météorologie du lieu particulièrement mise en valeur par ces passages de non-pluie/pluie au coeur d'une même tempête, le public se verra transcendé par l'aura maléfique des antagonistes au passé fourni et aux implications profondes dans le scénario soigné d'Uxia Blanco. Un chef d'oeuvre du cinéma horrifico-contemplatif espagnol ; signé par un réalisateur américain? Qu'importe! Aux chiottes Del Toro, vive Dagon! 1,25/5